Une passion inutile

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Nous sommes une passion inutile, sans doute. Mais nous sommes une passion qui s’emploie à chercher notre bonheur en provoquant, sans cesse, notre malheur.

Nous sommes les seuls responsables de que ce nous n’avons pas, mais bien plus pour n’avoir pas travaillé à le conserver que pour avoir cherché à l’obtenir.

Enemigo propio

"Tres golpes de sangre tuvo y murió de perfil", hermano.

No merezco nada más que lo que tengo,

pues aquel que malgasta una oportunidad es un ciego. 

Aquel que malgasta dos, es un tonto. 

Pero aquel que malgasta tres, es su propio enemigo.

Una tragedia

para Natalia 

Ha sucedido una tragedia.

Se ha cometido un acto de barbarie.

Es una mujer joven, hermosa, dulce y amada de los suyos, atacada de modo irreversible.

Al miedo de perderla, a la conmoción de ver producirse lo impensable, a las terribles imágenes que quitan todo sosiego, se van sumando la incomprensión de tan terrible cosa, la imperiosa necesidad de apretar filas, un desamparo indecible.

Y el dolor nos arrastra, cada día mas allá, fuera de nosotros mismos.

Este crimen infame nos arranca algo a cada uno, una parte de belleza, algo puro, un hilo de la bondad que vive, frágil y tensa, en nuestro interior, y deja en su lugar la marca oscura del odio y de la ira.

Lo que perdemos en el abismo que abre este acto sin dios, ni ley, ni nombre, es algo constitutivo de la persona humana.

Algo que participa de nuestro ser.

De nuestra humanidad.

Gottingen (pour Bruno)

Barbara - à Gottingen

La mort de Bruno restera à jamais liée dans mon esprit à Gottingen, 
à cause de la chanson de Barbara que la radio jouait ensuite dans la voiture de papa, 
et qui m'a toujours plongée dans une intense, brève, mélancolie, 
comme si j'y avais perdu ma famille 
et tous mes amis, 
dans cette ville inconnue. 

L'accordéon nostalgique réitérant un petit goût de regret, 
et ce parfum d'hiver et de guerre sans victoire, qui n'en finit pas de se dissiper 
parce que la mélodie s'enroule sur elle-même comme une spirale ; 
tout est resté en toile de fond de l'appel qui m'annonçait sa mort, 
avec les berges blêmes de la Seine au début du mois de mars, 
et les plateaux calcaires tout hérissés de brun surveillant la crue paisible, 
et les bernaches sauvages qui acceptent le pain rassis des hommes à la fin de l'hiver. 

Mais il est vrai, après tout, qu'il n’a plus jamais fallu prendre les armes, 
et que les bernaches s'en iront bientôt vers des cieux plus bleus, 
et qu'en mars, les forêts brunes du pays normand se voilent déjà d'un vert très clair. 
Et que, sûrement, Bruno n'a fait que prendre de l'avance, au-delà de la matière, 
au niveau prodigieux de l'atome composé presqu'uniquement de vide,
et d'énergie. 

Je n'avais jamais perdu un ami. Mais, pour moi, ce jour-là, Bruno ne se perdait pas. 

Il s'en allait rejoindre l'été, 
alors que nous, 
on n'en était 
qu'au tout début du printemps.

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